samedi 18 octobre 2008

script ou cursive ? élément de réponse...

Dans la pédagogie Montessori, il est préconisé d'apprendre à l'enfant l'écriture en cursif. Cependant on voit pas mal de lettre rugueuses ou de cartes dont les libellés sont en script, notamment en amérique du nord.

Je pense qu'on se pose au moins une fois cette question quand on découvre la pédagogie Montessori.
j'ai trouvé des éléments intéressant dans cette interview de Daniele Dumont :

Cette question est effectivement souvent posée bien que les programmes soient clairs sur le sujet : l’objectif est l’écriture cursive (consulter les programmes de l’école maternelle (fichier RTF – 80 Ko).
Parfois, l’hésitation porte plus sur l’écriture à utiliser par l’enseignant (pour les étiquettes, par exemple) que sur le modèle à donner à reproduire à l’enfant. On l’aura compris, entre l’écriture script et l’écriture cursive, mon choix va sans hésitation à l’écriture cursive.

En fait, il ne s’agit pas d’un choix à proprement parler mais de la conclusion aussi bien d’observations faites sur le terrain en rééducation d’écriture que d’une réflexion sur le geste d’écriture. La réflexion est facile à suivre : - L’écriture script sépare les lettres ; chaque arrêt entre les lettres freine le geste et le stoppe avant qu’il ne redémarre car l’enfant n’a pas encore l’habileté graphique qui autorise de bonnes « liaisons dans l’espace », c’est-à-dire des enchaînements judicieux au-dessus du papier propres aux quelques scripteurs d’excellent niveau qui ont adopté cette écriture. L’écriture script n’est donc qu’exceptionnellement une écriture rapide en général et jamais dans l’enfance ou l’adolescence (ne pas confondre vitesse du trait, c’est-à-dire vitesse avec laquelle on écrit sans lever le crayon, et vitesse de l’écriture, c’est-à-dire vitesse avec laquelle on écrit un mot 8). -
Passer de l’écriture script à l’écriture cursive est un exercice difficile car l’apprentissage de l’écriture script n’implique pas de point d’attaque particulier des lettres alors qu’il en va différemment de l’écriture cursive. Il s’agit donc pour l’enfant qui a commencé en script – comme c’est le cas actuellement au Québec – d’apprendre d’autres formes, d’autres enchaînements et d’apprendre à faire couler son geste.
Autant d’inconvénients qui peuvent être évités en apprenant directement la cursive. Les enfants admettent sans difficulté que l’écriture imprimée soit différente de l’écriture manuscrite. Que l’enseignant écrive des étiquettes en script ne pose donc pas de problème majeur en ce qui concerne la différenciation par l’enfant du modèle à reproduire (cursive) et de « l’autre écriture » (script). Par la diversité et l’enchaînement de ses formes, l’écriture cursive nécessite un apprentissage spécifique. Les lettres de l’écriture en capitales typographiques sont à la fois juxtaposées et composées de tracés qui peuvent être réalisés séparément pourvu qu’ils soient correctement collés, ce qui en fait une écriture facile à tracer. Les majuscules typographiques sont donc souvent choisies pour les premiers écrits. Ce peut être effectivement une bonne solution d’attente pour des enfants qui ne maîtrisent pas l’écriture cursive si, et seulement si, l’on considère qu’il s’agit bien d’écriture et non de « dessins de lettres ». Cette solution ne pourra donc être adoptée que si toutes les compétences autres que celles qui sont spécifiques à l’écriture cursive sont acquises : tenue du stylo, usage de la main appropriée, sens de déroulement de l’écriture (gauche/droite et haut/bas), tenue correcte du crayon, posture adaptée, déplacement adapté des organes scripteurs et capacité d’organisation de l’espace graphique grâce à une bonne gestion statique de l’espace graphique.
En effet, arrivé à ce stade 9 l’enfant dispose de toutes les compétences nécessaires pour bien écrire. S’il y a un peu de retard dans la gestion dynamique de l’espace graphique qui sert à produire les formes de base de l’écriture, en l’occurrence les premières formes (à savoir les boucles), les enfants peuvent commencer à écrire en majuscules typographiques en sériant les lettres par types de tracés 100. Cette écriture pourra également être utilisée sans que les plus avancés aient l’impression de marquer le pas en attendant que toute la classe ait acquis les compétences nécessaires à l’écriture cursive. En revanche, on l’aura compris, lorsque les enfants ne maîtrisent pas les compétences de base, faire « écrire » en majuscules typographiques n’est pas plus judicieux que de le faire en cursive.





extrait d'un article "prévention de l'illétrisme", Interview réalisée pour le site BienLire. Mise en ligne en septembre 2005

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